De Monteverdi à Cardew, de Sweelinck à Zinsstag, de Marenzio à Letort, nous expérimentons la richesse et la diversité des compositeurs de la Renaissance et d'aujourd'hui.
Voici dix années que l’Ensemble Tarentule tisse patiemment sa toile, discrètement, loin des tumultes du monde. Dix années à peaufiner notre style, à polir notre vocabulaire, à ciseler les motifs de nos madrigaux, à aiguiser le mordant de nos fulgurances. Avec une pugnacité sans faille, telle la tortue de la fable, nous avançons inexorablement, la foi du charbonnier chevillée aux cordes vocales.
10 ans, le bel âge, l’âge de déraison, dix ans que nous œuvrons sans tambour ni trompettes. Mais nous sommes maintenant fin prêt à ouvrir le rideau. Comme avant une grande célébration, nous mettons les dernières touches pour que la fête soit parfaite, pour accueillir tous ceux qui voudront bien se donner la peine d’entrer.
Et pour cette occasion unique, nous avons convié tous nos compagnons de route, les plus fidèles, pas toujours les plus connus, mais certainement les meilleurs d’entre tous ; Giaches de Wert, Luca Marenzio, Claudio Monteverdi, Jan Pieter Sweelinck, Carlo Gesualdo et Adriano Banchieri .
Télécharger le PDFDepuis bientôt quatre ans, l’Ensemble Tarentule élargit son répertoire à la polyphonie du XXIème siècle. Différents compositeurs, inspirés par l’écriture madrigalesque de la fin de la Renaissance, ont eu envie de création a cappella pour quatre, cinq, six ou sept voix.
Chaque année Tarentule offre ainsi au public une ou plusieurs œuvres inédites – le plus souvent en concert miroir avec des madrigaux de la fin de la Renaissance.
L’approche de cette musique a ouvert à Tarentule de nouvelles voies d’interprétation et d’exploration de l’outil vocal tant au niveau de l’expressivité que des textures. Les voix, formées à la polyphonie de la Renaissance, élaborent une grammaire nouvelle. L’auditeur n’écoute plus sentencieusement ces madrigaux du XXIème siècle, parfois un peu distants, mais au contraire se laisse porter par eux et emplis de leur souffle vivifiant.
Le présent programme - construit autour de pièces profanes et sacrées écrites ou spécialement adaptées pour l’Ensemble Tarentule par six compositeurs de ce siècle – en est une illustration.
Télécharger le PDFTarentule se propose ici d’interpréter les répons du samedi saint, ultime partie des répons de Gesualdo, composés de ceux du jeudi et du vendredi saint. Cet ouvrage impressionnant, tant par sa taille que par son ampleur artistique, marque à la fois l’apogée artistique de son auteur, et la fin d’un monde : celui de la polyphonie de la Renaissance, en train d’être remplacée par l’esthétique Baroque qui séduit l’Europe toute entière.
L’œuvre de Carlo Gesualdo est, par bien des aspects, à la fois sépulcrale - tant par son sujet que par sa position d’ultime chef d’œuvre de la Renaissance déjà achevée - et séminale - quant à ses prolongements et son esthétique -. En effet, sa composition (œuvre d’un compositeur qui n’écrit que pour lui-même sans nécessité, ni commande, et qui n’aura peut-être jamais été vraiment jouée durant un office, sinon pour son auteur lui-même) et la nature même de sa matière musicale, chromatique, polymodale, ne trouveront d’équivalent que des siècles plus tard. C’est donc un ouvrage à la fois archaïque pour son époque, et en avance sur son temps.
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La messe a cappella de Monteverdi éditée posthume en 1650 reste encore un mystère sous bien des aspects. On ne sait pas quand ni pour quelle raison précise elle a été composée. On a pu seulement déduire de son écriture qu'elle doit être postérieure aux Vêpres à la vierge au vu de la richesse stylistique employée par l'auteur. Elle semble en effet proche des ouvrages tardifs du maitre tels les Selva Morale dans lesquels Monteverdi a cherché à réconcilier le style ancien avec le style nouveau qu'il a lui-même contribué de manière décisive à faire adopter.
Télécharger le PDFSi Roland de Lassus (Mons 1532 – Munich 1594) n’est plus à présenter comme l’un des compositeurs majeurs du XVIème siècle et sans doute celui qui va permettre la transition entre l’art polyphonique de la renaissance et la manière expressive de la fin du siècle pour amener au baroque, il faut tout de même rappeler qu’il a été considéré comme le plus grand et le plus reconnu des musiciens de son temps. Il fait partie des rares compositeurs à avoir été anobli et l’on compte parmi ses élèves des compositeurs aussi renommés que Giacomo Gabrieli...
Jan Sweelinck est sans doute le plus grand compositeur flamand qui, chose rare à cette époque, ne quittera jamais son pays. Il connaît néanmoins parfaitement la composition musicale de son temps puisqu’il est considéré comme l’égal de Frescobaldi en tant qu’organiste. Il pourrait tenir son expérience de Gioseffo Zarlino, maître de chapelle de la basilique San Marco à Venise et célèbre théoricien, dont il aurait été l’élève. La synthèse qu’il opère, tant dans la musique vocale que dans celle de l’orgue, fait de lui l’un des plus admirables représentants de l’école hollandaise. Sweelinck est la figure qui illustre le mieux cette capacité à intégrer puis dépasser les canons de composition italiens de l’époque pour en proposer une forme proprement flamande...
Le présent programme se propose d’explorer la dimension ludique de la musique vocale a cappella, du XVIème et du XXIème siècle.
En soit la musique fait déjà intervenir la notion de jeu au sens large, mais il est certains répertoires où cette notion est encore plus performative, comme par exemple celui de la chanson bruitiste du XVIème siècle dont Clément Janequin s’est fait une spécialité et une gloire. En substituant aux mots et aux phrases des sons onomatopéiques, Janequin à littéralement inventer un genre, celui de la chanson polyphonique imitative...
Dans l’histoire musicale, la place que tient Carlo Gesualdo est très particulière.
Et de par son rang et de par son style, et de par sa personnalité tous indissociablement liés.
Car si l’on doit à Gesualdo ces fulgurances, ces audaces et cet affranchissement des règles en vigueur dans la composition contrapuntique de l’époque, c’est sans doute le fait de tous ces éléments.
En tant que prince de Venosa et comte de Conza, Gesualdo n’a de compte à rendre qu’à lui-même, indépendant de tout employeur ou mécène pouvant lui imposer ses commandes et le borner dans ses ambitions artistiques...
Giaches de Wert (1535-1596) et Lucas Marenzio (1553-1599), deux des plus
grands compositeurs de polyphonie vocale de la fin du XVIème siècle, sont aussi deux
des moins connus. Face à Monteverdi, Lassus et Gesualdo, il n’est pas rare que
l’évocation de leurs noms ne provoque au mieux qu’un froncement de sourcils. Nous
voudrions par le présent programme réparer cette injustice et donner à entendre la
magnificence et le génie de ces deux compositeurs d’exception, éclipsés dans l’histoire
musicale par une profusion de talents comme peu d’époques ont connu...
« Le Lagrime di San Pietro » est l’ultime œuvre de Roland de Lassus. Terminée trois semaines avant sa mort en 1694, il ne l’entendra jamais interprétée. D’une ampleur inédite pour le compositeur, ce monument musical pour sept voix sonne comme le testament de son auteur. Il est aussi une réflexion souvent amère sur le renoncement, et d’où l’espérance (pierre d’angle de la pensée chrétienne) semble étonnamment absente.
À la suite des « Tenebrae responsoria » de Gesualdo, l’Ensemble Tarentule continue son exploration des œuvres « terminales » des grands polyphonistes du XVIème siècle, qui renferment souvent une forme de noirceur et de conscience d’une certaine vanité, sublimée par les artifices de l’écriture.
Il en va ici de même pour ce monument sonore érigé comme un mausolée à la gloire d’une écriture polyphonique qui projette ses derniers feux avant l’avènement d’un nouveau monde, celui de l’Opéra et de la tonalité. C’est aussi une idée du grandiose propre à l’épure des moyens polyphoniques. Seulement sept voix qui, par la puissance de cette écriture d’une sophistication stupéfiante, donnent à entendre et à « voir » un objet architectural d’une dimension inégalée.
Télécharger le PDFSi la musique profane, à la Renaissance, s’est constituée autour de la mise en musique de la Poésie du temps, rares sont les compositeurs qui auront poussé aussi loin l’identification de leur musique à l’esthétique d’un seul et unique poète. C’est le cas exceptionnel d’Antoine de Bertrand (1540-1580) qui mettra en musique la grande majorité du cycle des Amours de Ronsard. Il poussera même la similitude jusqu’à dédicacer chacun de ses recueils au nom d’une femme aimée tout comme l’illustre poète dont il s’inspire.
Le présent programme a pour but de mettre en lumière l’art exceptionnel d’Antoine de Bertrand pour magnifier la poésie déjà sublime de Pierre de Ronsard.
Le présent programme se propose d’explorer la thématique du rapport entre la préscience et la folie exprimées dans ce corpus très particulier que sont les "Prophétie des Sibylles" de Roland de Lassus.
Cet ensemble de treize pièces homogènes de Roland de Lassus constitue une étonnante tentative de faire se rejoindre l’art divinatoire des polythéismes classiques et la tradition prophétique présente dans les monothéismes. Sur cet argument très usité à l’époque d’une certaine forme de prescience presque inconsciente des anciens classiques pour la venue du Christ, Roland de Lassus a composé un ensemble de 13 pièces polyphoniques teintées d’un chromatisme stupéfiant devant traduire tout à la fois l’exotisme, le mystère et le mysticisme à l’oeuvre dans ces prophéties...
Le compositeur Adriano Banchieri séjourna un temps au monastère Sainte-Hélène de Venise. Il est probable qu'il ait voulu retranscrire, dans Barca di Venetia per Padova, les personnages, la vie et l’atmosphère qu'il observait alors.
Cette comédie madrigalesque emprunte des personnages aux archétypes de la commedia dell’arte mais décrit aussi des profils typiquement vénitiens : pêcheurs, courtisanes ou encore avocats de Murano.
La « Barque de Venise à Padoue » constitue un assemblage d’éléments poétiques, stylistiques et musicaux reliés par un astucieux subterfuge : un voyage en barque. Les unités de temps et de lieu sont assurées et permettent d'établir des liens crédibles entre des personnages hauts en couleur.
Un programme mêlant des génies de la fin du XVIème et des compositeurs d'aujourd'hui, parmi lesquels Gérard Zinsstag qui, sur un sonnet de Michel-Ange, écrit un madrigal à 5 voix s'un casto amor, édité chez RICORDI, commande de l'Ensemble Tarentule.
La pièce Absence de Bruno Letort, premier enregistrement discographique de Tarentule, mais aussi le Miserere de Nicolas Bacri en miroir des madrigaux de Giaches de Wert...
Le présent programme s’attache à mettre en avant la musique exceptionnelle de Giovanni Gabrieli, compositeur et titulaire du second orgue de la basilique Saint Marc à Venise à partir de 1584. Gabrieli a développé un langage musical propre à la disposition spécifique de la Basilique, composée de nombreuses chapelles, en imaginant des œuvres pour double, voire triple chœur, se répondant d’une chapelle à l’autre, jouant ainsi avec l’espace et la monumentalité du lieu. Il en résultera une musique raffinée et spectaculaire qui, par sa magnificence et sa théâtralité, fera entrer l’art musical dans l’expressivité baroque...